Cérémonie du 80ème anniversaire des fusillés de Bonneville

Ce samedi 17 août commémoration du 80ème anniversaire des fusillés de Bonneville en présence d’Emmanuel Petit maire de Bonneville et Xavier Varlet maire de Fieffes-Montrelet des élus et anciens élus municipaux des communes voisines, des associations d’anciens combattants, des porte-drapeaux et des habitants venus en nombre.

Après le dépôt des gerbes à la stèle de l’allée des martyrs et au monument aux morts, l’évocation du martyr des 7 jeunes Bonnevillois par M Vignon et l’allocution du Maire, les personnes présentes se sont retrouvées à la salle municipale pour partager un apéritif de l’amitié.

Le 80ème anniversaire des fusillés de Bonneville:

Hier le temps était à la pluie aujourd’hui le soleil brille

Comme à l’été 1944, l’été de la libération, la France a connu la liesse après avoir vécu encore des tragédies horribles et singulières quelques jours auparavant:
La liesse de la libération des localités d’ici, début septembre, par les troupes alliées quelques jours seulement après les jours de terreur d’août et des rafles nazies.

Ce matin je me lève, réveillé par le froid d’une nuit passée sans couverture sans doute mais aussi par les pensées qu’ont générées, dans mon sommeil, les lectures reprises hier soir.

C’était le fascicule réalisé pour le 70 ème anniversaire de la mort des fusillés de Bernaville le 29 août 1944 et de la commémoration de la libération de la commune quelques jours après;
c’était l’histoire des fusillés de la vallée de la Nièvre de Domart, Saint léger et Berteaucourt et celle des 7 jeunes morts ici à Bonneville.
Tous victimes de la barbarie nazie dans le contexte de la déroute des occupants devant la progression des troupes alliées venues nous libérer du joug des envahisseurs.
C’était aussi la lecture du livre « Dernières lettres : paroles de résistants en France entre 1941 et 1944. »

Ces derniers, comme Guy Môquet ou Missak Manoukian ont eu la force et la possibilité d’écrire à leurs proches pour les rassurer, les consoler et leur dire tout le sens de leur engagement dans l’armée de l’ombre.

Il résonne aujourd’hui les mots de Missak Manoukian qui écrivait alors: « Que puis t’écrire? Tout est confus en moi et bien clair en même temps. Je m’étais engagé dans l’armée de la libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la victoire et du but. »

Ainsi en est-il le 17 août 1944 pour les 7 martyrs dont nous venons d’entendre le terrible récit et la funeste destinée.

Alors résonnent les derniers mots écrits par Guy Moquet à sa mère:
« 17ans1/2- ma vie a été courte, je n’ai aucun regret si ce n’est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels. Maman, ce que je te demande , ce que je veux que tu me promettes, c’est d’être courageuse et de surmonter ta peine . Je ne peux pas en mettre davantage , je vous quitte tous, toutes, toi maman, Séserge, papa, en vous embrassant de tout mon cœur d’enfant. Courage!
Votre Guy qui vous aime. »

Comment ne pas imaginer que les 7 martyrs d’ici auraient aimé avoir le temps de tenir ces mêmes propos;
comment ne pas se remémorer la phrase de Malraux : « Écoute aujourd’hui jeunesse de France ce qui fut pour nous le chant du malheur! »

Comment ne pas commémorer, en ce 80ème anniversaire de la libération, le sacrifice de tous ceux qui sont encore tombés à quelques jours de la délivrance et de recouvrer la liberté de notre Patrie,

« L’Histoire de la seconde guerre mondiale ne peut certes pas se résumer aux seuls événements de 1944, mais c’est bel et bien au travers de cette libération de 1944 et des célébrations qui en sont faites que se réalisent la transmission de la mémoire, le partage des valeurs fondamentales de Paix, de courage, d’engagement, de liberté, de réconciliation, de justice, de dignité humaine et de fraternité.

La commémoration prend ici à Bonneville une résonance toute particulière, sensible, tenace car liée au drame, et aux cicatrices indélébiles qu’il a laissé, à la tragédie de cette journée du 17 Août 1944; par notre présence nous témoignons avec ferveur et déférence notre reconnaissance et l’infinie gratitude pour les résistants, les fusillés, les déportés, les soldats Français et les alliés; et nous saluons avec compassion le courage des familles endeuillées.

« Vous oublier c’est s’oublier soi-même » écrivait Lamrtine
Nous ne vous oublierons jamais !

Cette poignée d’hommes et de femmes qui refusant la défaite et l’humiliation ont oeuvré à la libération du territoire, à la restauration de la démocratie et permis aux dirigeants comme Adénauer ou de Gaulle et Churchill de trouver le remède aux réïtération de troubles nationalistes épouvantables. Ainsi écrivait ce dernier:
« Il y a un moyen d’y parer. En quoi consiste ce remède? Il consiste à recréer la famille européenne puis à l’élever de telle sorte qu’elle puisse se développer dans la Paix, la sécurité et la liberté…. »

C’est ce qu’attendent de nous toutes ces victimes : « Ce qu’ils attendent de nous ce n’est pas un regret mais un serment; ce n’est pas un sanglot mais un élan » ainsi s’exprimait Pierre Brossolette.

Et le monde aujourd’hui?

À la vue des conflits et des ambitions hégémoniques de dirigeants nostalgiques des grandeurs impériales passées ou de dictatures, de chefs religieux plus virulents et dangereux encore, le monde redevient instable et à force d’impuissance flagrante les conflits s’enveniment et s’étendent.
Rappelons nous l’appel de Victor Hugo le 22 Août 1849 au congrès de la Paix :
« un jour viendra où il n’y aura plus d’autres champs de bataille que les marchés s’ouvrant au commerce et les esprits s’ouvrant aux idées. Un jour viendra où les bombes seront remplacées par les votes, par le véritable arbitrage d’un grand sénat souverain qui sera à l’Europe ce que le parlement est à l’Angleterre, ce que la diète est à l’Allemagne, ce que l’assemblée législative est à la France » ou encore l’appel de Churchill le 19 septembre 1946 : édifier l’Europe: « dans cette tâche impérieuse, il faut que la France et l’Allemagne s’associent. La Grande Bretagne, la famille des peuples britanniques, la puissante Amérique et j’en ai confiance, la Russie aussi doivent être les amis et les soutiens de la nouvelle Europe et défendre son droit à la vie. »

La conjoncture internationale n’entraîne pas béatement à l’optimisme et comme l’écrivait alexandre Adler: « la paix, la paix à tout prix, nous clament tant de braves gens qui en se cojoignant aux lâches, aux armées de brutes et aux antisémites ordinaires peuvent, s’ils n’y prennent garde, assurer le triomphe des forces du mal et de la répression »

Les victimes d’hier, à l’image de ceux qui ici ont donné leur vie pour que nous vivions dans une France libre dans une Europe en Paix dont Adrien Dufrénoy, René Jolibois, Guy Lacroix, Roger Mercier, Georges Titren, Léon Titren et Jean Vasseur, et celles d’aujourd’hui en Ukraine, en Russie, en Israël, à Gaza, en Arménie, au Soudan, au Burkina Faso, au Yémen, en Birmanie, au Nigéria, en Syrie appellent de notre part à résister à la violence et à promouvoir la Paix et la concorde dans le monde.

Comme hier à la Barbarie, ils ont opposé la résistance,
A la division forgeons l’unité
À la guerre imposons la paix

En cet été olympique symbole de fraternité entre les peuples, œuvrons avec obstination et sans relâche à la prolonger et la propager aux delà des seules épreuves sportives

« ce qu’ils attendent de nous, ce n’est pas un regret mais un serment, pas un sanglot mais un élan »

Vive la République, vive la France
Vive l’Europe
que vive la Paix, la concorde et la Fraternité.

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